LPO Isère
Ligue pour la Protection des Oiseaux de l'Isère

Association d'étude et de protection des animaux sauvages et de leurs milieux.

Sur les traces des animaux

Sortie organisée par le CORA-38: "Sur les traces des animaux"
Date: le 19 février 2006
Lieu : Chartreuse
Encadrant Jean-Marc Taupiac

Ce dimanche 19 février, le temps n'était guère enthousiasmant et pourtant nous étions pratiquement une vingtaine à braver les bourrasques de vent et la grisaille pour une bonne balade en raquettes dans le massif de la Chartreuse, au départ du pont des Allemands. 
Au programme : apprendre à reconnaître les traces de la présence des animaux, avec comme guide, le sympathique Jean-Marc. Il nous explique que, pour les mammifères, on distingue trois classes différentes suivant le mode de marche de l'animal :
  • Les onguligrades, qui n'ont conservé que deux doigts (le majeur et l'annulaire) transformés en sabots : les cerfs, chevreuils, chamois, bouquetins, sangliers.

  • Les digitigrades qui marchent en appuyant les doigts, en général quatre : les canidés (loups, renards), les lagomorphes (lapins, lièvres) avec empreintes de griffes, et les félidés (lynx, chat sauvage) sans empreintes de griffes.

  • Les plantigrades, qui marchent sur toute la plante du pied : l'ours, le blaireau.

Munis de ces précisions, il n'y a plus qu'à scruter par terre à l'affût de la moindre trace. Sans oublier les autres signes de la présence d'un animal tels que les coulées (petit chemin tracé par le passage de l'animal), les laissées et autres crottes, ou les vestiges alimentaires !

Laissée de Renard roux (gui)
Laissée de renard roux

Pour notre première observation Jean-Marc nous montre les laissées d'un animal qui semble avoir mangé des sortes de lentilles. Il s'agit en fait de baies de gui rejetées par un renard qui en est très friand. Surprise générale : mais le renard ne grimpe pas aux arbres ! Bien sûr que non, il attend tout bonnement (comme dans la fable du Renard et des Raisins) que les baies bien mûres tombent toutes seules pour se goberger.

Près de ces laissées, une belle trace d'onguligrade nous intrigue. Alors, cerf ou chevreuil ? Vu la taille et les empreintes plutôt parallèles, Jean-Marc nous confirme qu'il s'agit d'une biche
.

Empreinte de Biche
Trace de biche

Empreinte de Chevreuil
Trace de chevreuil

Le chevreuil, dont la femelle s'appelle la chevrette, a des empreintes plus petites et resserrées

Un peu plus haut, ce sont des petites crottes qui attirent notre attention : environ 15 mm, brun sombre, ovales, un peu pointues d'un côté et plates de l'autre, ce sont des moquettes, spécialités du chevreuil. Ce nom vient de l'ancien français " moque " qui signifie " motte de terre ". Je précise que Saint-Maclou n'est pas pour autant le patron des chevreuils …

Moquette de Chevreuil
Moquette de chevreuil

Les laissées des cerfs et biches ressemblent à celles du chevreuil mais sont un peu plus grosses et leur forme se rapproche plus de l'olive. 

Nous poursuivons notre grimpette, et cette fois-ci c'est une belle coulée qu'on aperçoit de part et d'autre du chemin et qui mérite de s'arrêter pour découvrir quel ongulé est passé par là. L'animal a dévalé la pente gauche pour remonter vers la droite en traversant la piste. Il s'agit, après observation précise et mesurée, d'une biche. En effet, nous reconnaissons bien l'empreinte caractéristique du cerf, mais vu l'empattement - distance entre patte postérieure et antérieure - d'environ 90 cm, il ne peut s'agir que d'une femelle, une biche donc. Pour un mâle, la distance aurait été de l'ordre de 1m20 à 1m50. 

Oh, en levant les yeux j'aperçois - enfin - un oiseau. La gent ailée se fait discrète aujourd'hui vu la froidure qui règne ! C'est une belle grive musicienne qui se pavane au sommet d'un épicéa, tandis que planent deux grands corbeaux !

Et la recherche continue, on furète, le nez au ras des raquettes, pour tomber sur des empreintes très différentes. Elles proviennent d'un digitigrade, puisqu'on y voit la trace de quatre doigts et des coussinets. A l'avant, les griffes de l'animal ont laissé leur marque, il ne s'agit donc pas d'un félin, mais d'un canidé, renard ou jeune chien. Comme nous sommes sur le territoire des animaux sauvages, nous optons pour le renard !

Jean-Marc nous conduit, à travers bois, vers un habert, celui de Chartrousette, où nous pourrons déballer notre casse-croûte bien mérité. Mais auparavant, sur le chemin, son œil de lynx a aperçu quelques menus poils accrochés aux barbelés qui entourent un champ. Ces poils sont clairs, et un peu ondulés ce qui est un signe caractéristique des poils d'ongulés. Apparemment des poils de chevreuil, car une coulée passe à cet endroit et traverse le champ. Les ongulés ont deux sortes de poils : la bourre qui les protègent du froid (style Damart thermolactyl) et la jarre, plus dure et plus épaisse. Une autre façon donc de constater le passage d'un animal.


Après une solide pause-déjeuner (avec un bon vin chaud) nous repartons vers les sommets des collines. En chemin, de grosses touffes de poils gris, légèrement ondulés, et roux au bout, disséminés par-ci par-là, intriguent toute l'équipe ! Même Jean-Marc ne peut vraiment certifier de quel animal il s'agit. Mais vous n'avez jamais entendu parler du Yéti Chartroussin ?? Bon, je garde à la disposition des amateurs une bonne poignée de ces poils bizarres …

Groupe CORA
Le groupe du CORA

Sur notre trajet, Jean-Marc remarque des vestiges alimentaires au pied des épicéas : des petits bouts de leurs branches dont le bourgeon a été sectionné et mangé bien sûr. Et par qui ? Par le plus sympathique des hôtes de la forêt, le petit écureuil gourmand. Par contre, pas de trace de leurs papattes, la neige est trop dure, et l'écureuil trop léger pour imprimer sa trace.

Puisque nous nous sommes arrêtés près des épicéas, Jean-Marc s'attelle donc à un cours de botanique. Et nous apprenons à différencier les épicéas des sapins (dont les épines sont plus claires au-dessous) ; à savoir si un cône est fécondé ou pas (quand il l'est, il est tourné vers le bas). De plus, les épicéas ayant entendu parler des ravages de la consanguinité (cf les familles royales européennes, et plus spécialement anglaises …) ils se débrouillent pour que les cônes mâles se trouvent au-dessous des cônes femelles : ainsi le pollen, porté par le vent, ira féconder les cônes femelles d'autres épicéas ! Quelle astuce !

 

Au pied d'un groupe d'arbres, une première primevère pointe son nez ! Le printemps n'est donc pas si loin !

Après toutes ces découvertes, l'heure est venue de prendre le chemin du retour, qui nous conduit tout d'abord près de deux haberts très modernes puisque munis d'un digicode !! La descente s'effectue au pas de charge, les nuages crachent leurs trombes d'eau et c'est trempés, mais ravis de la journée, que nous rejoignons le pont des Allemands. Un seul regret : aucun des animaux dont nous avons surpris les traces n'a daigné pointer le bout de son nez. C'est vrai qu'une vingtaine de randonneurs, ce n'est guère silencieux ! Mais je les ai sentis durant toute la journée qui nous espionnaient. Et vous savez quoi ? Je parie que le soir même, ils se sont réunis pour suivre nos traces de raquettes et deviner leur couleur : raquettes rouges, bleues, jaunes, vertes, arc-en-ciel ? Peut-être même aussi le gabarit des intrus ! Les animaux sont plus malins qu'on ne croit …

Merci Jean-Marc pour cette belle journée très instructive !

Myrielle LYONNAZ


 

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